Interview : Zoë Romano à l’assaut du Tour de France en courant

Zoë Romano, 25 ans, originaire des Etats-Unis se lance aujourd’hui à l’assaut d’un défi hors du commun : courir le Tour de France à pied, un exploit jamais réalisé. L’athlète qui débute son périple ce matin de Nice entend parcourir 3.360 km en 9 semaines au rythme d’un marathon par jour et avaler l’équivalent en dénivelé de 3,5 monts Everest. Objectif : récolter 100.000 dollars en faveur d’une ONG de pédiatrie humanitaire. Elle se confie en exclusivité à Courant Positif sur le challenge qui l’attend.

Après votre exploit aux Etats-Unis en 2011, qu’est-ce qui vous a motivée pour repartir sur ce nouveau challenge ?

A l’issue de ma traversée des USA, j’ai énormément appris sur moi, sur l’esprit humain et sur ce qu’il est possible de réaliser si on travaille vraiment dur en faveur d’un objectif. Cette course m’a réellement transformée. J’ai terminé remplie de nouveaux repères et de nouvelles attentes vis-à-vis de moi-même. Cela m’a aussi permis de réaliser toutes les fois passées où je n’avais pas atteint mon potentiel. En revenant à la vie normale, j’ai l’été dernier écrit mes mémoires de la course. Mais plus j’écrivais plus je devenais excitée à l’idée de sortir et de partir pour une nouvelle aventure !

Pourquoi le Tour de France ?

Je voulais faire quelque chose qui soit à la fois différent et plus difficile que la traversée des USA. J’adore par ailleurs le cyclisme et du coup lorsque j’ai réfléchi aux différentes courses possibles, le Tour de France m’est naturellement venu à l’esprit. L’épreuve est réputée être l’une des courses d’endurance les plus éprouvantes, il sera intéressant de voir ce que cela donne lorsque quelqu’un s’y mesure uniquement à la force de ses foulées. C’est en somme une bonne façon de rendre hommage à un autre sport que j’aime tout en incarnant l’idée de la poursuite de quêtes extraordinaires.

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Allez-vous courir soutenue par une équipe ou seule avec une poussette comme en 2011 ?

Pas de poussette cette fois-ci. Mon petit ami m’accompagnera pour me soutenir. Il réalise un film sur cette aventure, donc il sera assez occupé, mais au moins je pourrai l’appeler en cas de besoin.

Vous l’avez dit, c’est une expérience éprouvante. Comment comptez-vous gérer les éventuels pépins physiques ?

Le mieux que je puisse faire est d’être proactive dans les récupérations quotidiennes et dans l’écoute de mon corps. Proactive également en lui faisant comprendre que je ne cours pas uniquement aujourd’hui, mais aussi demain, le jour suivant, la semaine et le mois d’après, et cela jusqu’au 20 juillet. En cas de pépins physiques, qui arriveront forcément, je les gèrerai au jour le jour et tâcherai de prendre les décisions les plus intelligentes et non les plus hâtives.

Courir vous fait découvrir des parties de vous-même que vous n’avez jamais soupçonnées

 

Le but de votre course est de sensibiliser et de récolter 100.000 dollars en faveur de World Pediatric Project (WPP). Pourquoi cette ONG ?

J’ai eu la chance de passer beaucoup de temps avec l’équipe de WPP et les patients. Je suis réellement impressionnée par leur mission, leur dévouement et le suivi de leurs projets. Ils fournissent des soins médicaux qui changent la vie d’enfants qui sans ça n’y auraient pas eu accès. Ils développent par ailleurs des programmes dans les pays où ils interviennent en collaboration avec des médecins, fermiers et gouvernements nationaux. Le but est de mettre en place des méthodes préventives pour éviter l’émergence de problèmes de santé au sein du premier lieu de vie. C’est un objectif noble et digne. Et WPP y travaille vraiment de façon concrète et déterminée.

Parlez-nous de votre philosophie de la course à pied.

Zoë Romano le 18 mai au matin, avant son grand départ © Alexander Kreher

Courir a toujours été un moyen de découverte pour moi. Vous n’avez qu’à lacer vos chaussures, franchir le seuil de la porte et vous êtes libre. C’est une émotion tellement bonne de découvrir de nouveaux endroits en bougeant à la seule force de ses pieds. Courir vous fait découvrir des parties de vous-même que vous n’avez jamais soupçonnées et vous pousse aussi à dépasser vos limites présumées pour voir ce qu’il y a de l’autre côté.

Je suis également une personne pleine d’objectifs. Et ce qui est génial avec la course à pied, c’est que ça vous permet de réaliser chaque jour un objectif simple : courir ou ne pas courir. A partir de là, vous pouvez vous fixer des dizaines d’autres objectifs. Je pense que dans l’esprit d’un coureur, le jogging met en cohérence, fait se sentir réel et digne. J’aime ce sentiment de toujours travailler en direction de quelque chose. Je retrouve toutes ces choses à travers ces courses de longue durée. Celles-ci me permettent aussi de partager ces émotions avec plein de nouveaux amis et de montrer de quoi est fait l’esprit humain.

Le public pourra-t-il suivre votre course au fil des étapes pour savoir où et quand venir vous supporter le long de la route ?

Oui ! J’adore partager ce type d’aventure ! Le site à suivre est zoegoesrunning.com et je posterai également des infos sur la page Facebook de l’opération, mon compte Twitter ainsi que via Instagram.

Rien n’est prévu pour le moment à l’arrivée à Paris, mais qui sait ce qu’il se passera !

 

Connaissez-vous la France ?

Je connais Paris, Nice et l’Alsace mais je suis très excitée à l’idée de découvrir la France de l’intérieur. On voit vraiment un pays différemment lorsqu’on est à pied. J’ai déjà été accueillie avec beaucoup de gentillesse par les gens que j’ai rencontrés et avec qui j’ai été en contact.

Est-ce que quelque chose de spécial est prévu pour votre arrivée à Paris le 20 juillet ? Aimeriez-vous que les organisateurs du Tour célèbrent votre exploit au côté des cyclistes sur les Champs Elysées le 21 ?

Rien n’est prévu pour le moment, mais qui sait ce qu’il se passera !

Propos recueillis par Nicolas Blain