Syrie : les enfants réfugiés prennent les pinceaux pour sortir de la guerre

30 juillet 2013 13 h 15 minDéposez le 1er commentaire

Ouvrir l’horizon des enfants réfugiés syriens affectés par la guerre et ses traumatismes, tel est l’objectif d’AptART. Présente à Zaatari, deuxième plus grand camp de réfugiés au monde, l’ONG propose aux enfants de peindre les murs et tentes de cette cité humanitaire nichée dans la poussière du désert. Des pinceaux pour se reconstruire.

Déracinés en plein désert

AptART_Syrie

© AptART

Il y a un an, il n’y avait rien. Zaatari a poussé en juillet 2012. Aujourd’hui, le camp de réfugiés syrien situé en Jordanie à 16 km de la frontière abrite quelque 120.000 personnes. Chaque jour, cette ville humanitaire nichée dans les sables du désert accueille son cortège de nouveaux arrivants. La moitié de cette population déracinée a moins de 18 ans.

Loin du fracas des combats d’Alep et de Homs, la vie à Zaatari reste particulièrement âpre. Et l’avenir de ces milliers de familles incertain. Beaucoup d’enfants portent en eux le traumatisme de leur quartier bombardé et de proches décédés. « Les enfants ici n’ont pas grand chose à faire, ils s’ennuient, il n’y a pas assez d’écoles pour eux, et ils se tournent vers la violence en raison de ce qu’ils ont subi en Syrie » commente Samantha Robinson, artiste américaine fondatrice d’AptART.

Ouvrir l’horizon

Pour leur ouvrir l’esprit et leur redonner goût en un quotidien chamarré, Samantha Robinson propose aux enfants de peindre les murs des remorques et toiles de tentes de Zaatari. Le camp qui s’étend sur près de 2 km gagne petit à petit en couleur grâce aux coups de pinceaux de ces artistes en herbe. La peinture est « quelque chose d’amusant à faire pour eux », elle leur permet de « concentrer leurs énergies dans une direction positive » ajoute l’Américaine de 27 ans qui a conduit des projets similaires en Irak et au Congo.

Ecoles, sanitaires et autres bâtiments publics abandonnent leurs tons ternes et se parent ainsi de motifs aux couleurs vives. Ici des poissons, plus loin un arbre. Souvent, les fresques sont accompagnées de messages sociaux-sanitaires. « Je suis heureuse quand je peins » lance Habeer une jeune réfugiée de 12 ans à nos confrères du Huffington Post. « Je tente de dessiner beaucoup à l’école. Ce que préfère dessiner ce sont les arbres, les oiseaux et les fleurs. Je veux être institutrice quand je serai grande ».

Utilité fédératrice

Loin de se résumer à un projet culturel, le travail d’AptART apparaît véritablement essentiel alors que la représentante de l’ONU pour les enfants et les conflits armés avertissait récemment du risque de voir émerger en Syrie une génération « remplie de haine et de souffrances » rongée par « l’analphabétisme ».

A ce jour, le programme mené en collaboration avec l’ONG ACTED a permis à plus de 600 enfants de prendre le pinceau. Les gens ici « n’ont pas beaucoup d’occasions de peindre, de s’amuser, de mettre un peu de couleur dans le camp, alors quand nous voyons venir AptART avec de la peinture et des pinceaux, les enfants accourent, les parents, les personnes âgées, les chefs communautaires, tout le monde s’implique, et tout le monde aime faire une pause de la grisaille et de la poussière de Zaatari » salue Robin Nataf, coordinateur local pour l’ONG.

Nicolas Blain

Un aperçu en images avec ce reportage signé Jewish News One :

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