Le photographe Reza tend l’objectif aux jeunes éloignés des caméras

26 novembre 2014 13 h 07 minDéposez le 1er commentaire

Dans des ateliers photos, Reza tend l’objectif aux jeunes des camps de réfugiés et de quartiers stigmatisés pour qu’ils racontent leur quotidien.

« Certains disent qu’une photo vaut 1000 mots. Mais pour une photo, il faut 100 000 mots avant », lance Reza en souriant. Les échanges qui donnent naissance aux ateliers photos sont souvent volubiles. Une fois montés, ils permettront à des photographes en herbe de refléter les traumatismes d’une guerre ou de battre en brèche les clichés d’un quartier drapé de préjugés.

Atelier-Reza

Former au langage de l’image

Ici et là-bas. Au cœur de camps de réfugiés au Moyen Orient comme dans les maisons de jeunes des banlieues d’Europe, le photographe humaniste d’origine iranienne sensibilise au langage de l’image. Plusieurs milliers de réfugiés et de jeunes de banlieues d’Europe font au travers de ces ateliers crépiter leur flash et révèlent, objectif comme témoin, une réalité affranchie des codes et stéréotypes véhiculés dans les médias. A la clé, leurs œuvres sont ensuite exposées dans des lieux publics.

En cette fin d’année, il ​initie Exile Voices, une série d’ateliers pour enfants réfugiés et lance auprès des jeunes de banlieue de six villes françaises la deuxième édition des ateliers Booster en partenariat avec l’association Unis Cité. Son travail de photographe conduit Reza à sillonner le globe à la rencontre de ses habitants. « Avec un appareil photo, chacun prend conscience de sa capacité à rapporter le vécu dans les décombres d’une guerre, d’un cataclysme, d’une crise », soutient-il.

Ateliers-Reza

Apprentis de Syrie ou d’Ouganda

Maya a 12 ans, Syrienne dans un camp de réfugiés en Irak, elle raconte par une photographie l’attente du dégel de ses chaussures pour assister à l’atelier. En Ouganda, après le génocide rwandais de 1994, une jeune fille rejetée par sa communauté verra sa vie changer grâce aux ateliers photos. Son talent pour capter les émotions de son environnement proche fera d’elle la nouvelle photographe des cérémonies dans son village.

Issu d’une famille d’enseignants à l’engagement chevillé au corps, Reza porte en lui l’inoxydable goût de la transmission. Dès 1983, ses premiers ateliers voient le jour auprès des déplacés afghans au Pakistan. L’objectif comme 2e oeil, il tisse via la photographie des liens qui se partagent et s’étendent grâce au regard. Ses photos racontent les histoires qu’il écrit à travers la dignité et la lumière juste sur des vies plurielles.

Estelle Grenon

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