Le journalisme de solutions vu d’Afrique du Sud

28 avril 2014 13 h 44 minDéposez le 1er commentaire

Parler des initiatives positives qui fleurissent aux quatre coins du globe est ce qu’on appelle l’impact journalism, ou journalisme constructif. Chaque année, lors de l’Impact Journalism Day créé par Sparknews, de nombreux médias dans le monde s’initient à cette idée en diffusant des solutions innovantes via leur propre support : journal papier, télévision ou radio.

Journalisme-constructif

© Nicolas Blain

Citypress est le journal sud-africain qui a participé à la première édition de l’Impact Journalism Day en juin 2012. Pour eux, il s’agissait d’une grande première étant donné que la plupart de leurs articles abordent des sujets en lien avec la politique en Afrique du Sud.Gayle Edmunds, rédactrice en chef de ce journal, et Nicki Güles, son assistante, nous donnent ici leur point de vue sur l’impact journalism.

Pourquoi ne voit-on aujourd’hui que des mauvaises nouvelles dans les médias ?

La première raison qui explique le déluge de mauvaises nouvelles dans les médias est la suivante : les médias savent que l’horreur et le spectaculaire font vendre. De plus, même si les gens veulent des bonnes nouvelles, il est difficile de trouver de l’espace pour les solutions positives car les bonnes nouvelles ne sont jamais urgentes.

Il y a beaucoup de « grandes nouvelles » qui doivent être diffusées rapidement et qui passent donc en priorité. Ainsi, il faut trouver des organisations qui financent des pages qui soient entièrement réservées à l’information constructive. C’est ce que nous avons fait par exemple avec un supplément sur la philanthropie en Afrique paru récemment, grâce au soutien de partenaires stratégiques et financiers.

Dans un pays en développement comme l’Afrique du Sud, parler de choses positives est considéré comme un luxe car les mauvaises nouvelles sont tellement omniprésentes qu’on ne peut pas passer à côté en tant que journal national. Nous pensons que l’émergence d’une classe moyenne permet un réel intérêt pour les solutions. Les riches sont trop occupés sur leurs yachts, les pauvres sont trop occupés à chercher de quoi manger, alors que la classe moyenne a la liberté économique pour penser les problèmes à un niveau mondial tout en réfléchissant à des solutions durables. Enfin, l’Afrique du Sud est un pays qui croit encore en la politique, car le pays est libéré depuis seulement trente ans. Nous devons donc aborder ces sujets. L’Afrique du Sud est un pays très « top-down » qui doit devenir plus « bottom-up ».

Citypress a participé à la première édition de l’Impact Journalism Day en juin 2013. Quels ont été les retours suite à cet événement ?

Nous sommes arrivés un peu tard sur cet évènement l’année dernière. Cette année, nous voulons nous impliquer en amont et en y apportant plus de valeur ajoutée. Malheureusement, en tant que média il est toujours difficile d’avoir des retours de la part de nos lecteurs car ceux-ci réagissent principalement lorsqu’ils ont une plainte concernant un article.

Le journalisme constructif fait-il vendre ?

Les gens veulent des bonnes nouvelles ! Le challenge est de trouver le moyen le plus efficace de le faire, par exemple en trouvant des sponsors pour assurer de l’espace pour ces solutions.

L’impact journalism va-t-il se développer dans les années à venir à travers le monde ?

Si les résultats montrent que ça marche, bien sûr ! Nous pensons que la France est très en avant sur le sujet, comme souvent en ce qui concerne les médias. En tant que média national en Afrique du Sud, nous devons nous y intéresser car c’est quelque chose qui va venir dans le futur.

Les journaux papier sont en pleine mutation avec internet et l’arrivée de nombreux médias en ligne. Comment  les médias vont-ils évoluer selon vous ?

En Afrique du Sud, nous n’avons pas suivi le modèle américain de l’instantanéité, contrairement à beaucoup d’autres pays du monde. C’est plutôt le modèle allemand que nous avons suivi, car il y a aujourd’hui de plus en plus de journaux qui circulent dans le pays. Les quotidiens papier vont décliner avec internet et la pénétration des mobiles en Afrique. En effet, les nouvelles en ligne sont beaucoup plus accessibles et représentent mieux la réalité.

Les journalistes vont devoir de plus en plus faire du « multi-support », c’est à dire devenir des créateurs de contenu à travers différentes plateformes : vidéos, réseau sociaux, photos… et écriture ! On peut appeler cela un journaliste à 360°.

Propos recueillis par Quentin Noire, fondateur du 1er SparkTour Africa.

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