« Kinshasa Kids », l’épopée musicale qui déjoue la fatalité

2 avril 2013 10 h 55 minDéposez le 1er commentaire

Sur les écrans le 3 avril, Kinshasa Kids est né du coup de coeur de Marc-Henri Wajnberg pour la capitale congolaise et l’énergie de ses enfants des rues. Le réalisateur belge livre un opus brut de réalité et bouillonnant d’espoir dans lequel huit bambins taxés « d’enfants sorciers » vont reprendre le contrôle de leur vie grâce à la musique omniprésente.

Ebahi comme un gaminKinshasa Kids

Il y a le monde rêvé et la dure réalité. Il y a l’innocence, le chaos, la débrouille. Et de la musique avant tout. A l’origine du premier séjour de Marc-Henri Wajnberg à Kinshasa, sa volonté était d’y filmer des musiciens. Les pieds fraîchement posés sur le sol de la capitale congolaise, c’est le choc. Parti pour tourner un documentaire, il opère un virage vers la fiction quand il découvre sur place les mille et une vies fascinantes de la ville.

« Je suis tombé dans cette ville. J’ai découvert ébahi ses embouteillages, sa pollution, son agressivité, sa corruption, ses ruptures d’électricité mais aussi son énergie folle, ses rires, son amitié, sa tchatche, sa musique. Et puis surtout, ses enfants courant partout dans les rues ! »  explique-t-il.

Bouillonnement d’espoir

Les idées germent dans sa tête, il réalisera un film sur ces enfants considérés comme sorciers par leur famille. Wajnberg nous embarque alors dans l’épopée d’un groupe de huit jeunes musiciens qui usent de toutes les facéties pour déjouer le sort qui leur est promis et reprendre le contrôle de leur vie, jusqu’à faire vibrer les rues de cette bouillonnante mégalopole d’Afrique centrale.

Suivre ces enfants dans un quotidien de misère soulève certes l’indignation et la colère. Mais au milieu des étals de marché jaillissent aussi l’entraide et l’espérance. Confrontés au pire dans le monde des adultes, ces bambins témoignent de gestes de bonté. Toute l’ambivalence des sentiments humains est adroitement proposée.

Hommage à une énergie sidérante 

Ces enfants sont dotés d’une vitalité renversante. Leur rage, leur innocence et leur incroyable capacité d’adaptation nous saisissent presque jusqu’à l’envoûtement. « Je voulais par ce film rendre hommage à cette sidérante énergie » souligne Wajnberg, c’est réussi ! Sur grand écran, on se prend en pleine face leur quotidien. Mais loin d’assommer, ce film nous réveille autant qu’il interpelle.

Kinshasa Kids est de ces films dont on sort différents, comme transformés. Sensible, dur et drôle à la fois, c’est du grand art de dévoiler sans préserver, de toucher sans apitoyer. De faire rire sans gêner, sur un fond éprouvant, c’est rare. Du brut, à voir.

Estelle Grenon

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