Grâce au crowdfunding sur Facebook, il construit une route de 100 km pour les paysans indiens

16 avril 2013 11 h 35 minDéposez le 1er commentaire

Armstrong Pame est surnommé « Miracle Man ». Emu du sort des paysans de Tousem, un des districts les plus reculés d’Inde, ce fonctionnaire de 28 ans a réalisé un véritable exploit. Grâce à une opération de crowdfunding organisée sur Facebook et aux efforts de bénévoles locaux, il a fait construire 100 km de route pour désenclaver la région et offrir un développement économique aux habitants. Baptisée « Route du Peuple », l’axe est ouvert à la circulation depuis février 2013.

« Miracle Man »

Armstrong Pame

Armstrong Pame © Vijay Pandey

Cette route, ils l’attendaient depuis près d’un demi-siècle. Les habitants de Tousem, district reculé de la région du Manipur située à l’extrême est de l’Inde, n’osaient plus y croire. Faute de ressources et par manque de volonté, les autorités manquaient à leur promesse vieille de 40 ans. A son arrivée dans la région, Armstrong Pame désormais surnommé « Miracle Man » s’est ému de leur sort.

« En 2012, je suis devenu sous-préfet du Tousem et voyageais dans de nombreux villages. J’ai vu comment les gens portaient pendant des heures des sacs de riz sur leur dos et d’autres personnes invalides étaient transportées sur des civières de fortune faute de voie routière. Ces villageois m’ont dit n’avoir qu’un seul désir : une route » confiait Armstrong Pame à nos confrères de IANS. C’est le déclic.

56 000 euros grâce au crowdfunding sur Facebook

Le gouvernement ne peut financer le projet. Il faut donc chercher l’argent ailleurs. « On pensait que j’étais fou, mais j’étais déterminé » se souvient-il. C’est alors qu’en août dernier, Armstrong lance via un groupe Facebook une opération de crowdfunding. Famille, amis mettent la main au porte-monnaie. Rapidement, l’opération gagne en aura, les gens contribuent en nombre et parfois de très loin.

« Une nuit, j’ai reçu un appel d’une personne vivant aux Etats-Unis, elle voulait faire un don de 2.500 dollars pour la route. Le jour suivant, c’était un homme Sikh de New-York offrant 3.000 dollars. Ensuite, les médias ont parlé de l’opération et le tour était joué » raconte-t-il. Au total, plus de 56.000 euros ont été récoltés en provenance de 25 pays différents. Insuffisant pour construire 100 km de route ? Pas si sûr.

 

« On pensait que j’étais fou, mais j’étais déterminé » Armstrong Pame

 

Volontariat et développement économique

Fort de ce premier succès, Armstong Pame convainc ensuite les entrepreneurs locaux de lui prêter engins de terrassement et autres rouleaux compresseurs. C’est au tour des villageois de la région d’apporter leur soutien au projet. Aux commandes de véhicules de chantier et équipés des outils nécessaires, plus de 150 personnes ont ainsi pendant 7 mois tracé, ouvert, et bâti la route. Grâce à cette opération bénévole de grande envergure, les 100 km de voie n’ont pas coûté un seul dollar de main d’œuvre.

Réalisée sous l’impulsion d’un homme par et pour les populations, c’est naturellement que l’axe, ouvert en février dernier, a été baptisé « Route du peuple » (People’s road). Zingkeulak, un fermier, salue ce projet : « Nos oranges pourriraient sans voies de communication, mais avec la People’s road nous pouvons désormais gagner de l’argent ». La route permet aujourd’hui d’offrir des débouchés économiques aux paysans locaux jusqu’alors trop enclavés.

Certains jours, Miracle Man s’étonne encore que le projet ait abouti. « Parfois je n’arrive toujours pas à croire que nous avons réussi. Je ne sais pas si j’arriverais à le refaire ».  Et d’ajouter inspiré à propos de l’avenir : « il y a tant de choses à faire. A commencer par allonger la route de 10 km ».

Nicolas Blain – @Nicolas_Blain

Route du peuple - People's road

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