Des téléphones portables pour lutter contre la déforestation

18 octobre 2013 13 h 08 min1 commentaire

Plus fin et réactif que les satellites, le téléphone portable est depuis plusieurs mois un nouvel allié dans la lutte contre la déforestation au Brésil et en Indonésie. Discrètement attachés sur certains troncs, les mobiles envoient un signal aux autorités lorsqu’un arbre protégé est victime d’une coupe illégale. Ou en passe de l’être.

Discrétion et robustesse

Deforestation

CC – A.Davey / Flickr

Après les voitures volées, les arbres illégalement coupés ont désormais leur dispositif de traque. Les auteurs de déboisements sauvages sont prévenus. Depuis plusieurs mois, des téléphones portables ont été greffés par l’Agence Brésilienne de l’Environnement à certains troncs d’arbres protégés d’Amazonie. Résistants aux colères de la météo et dotés d’une puissante batterie, ces appareils alertent les autorités en envoyant leur position géographique lorsqu’un tronc abattu, acheminé en camion, entre dans la zone de couverture d’un réseau cellulaire. Malin.

Baptisé « Invisible Tracck », l’outil est conçu par Gemalto, une société de sécurité numérique néerlandaise.  « La taille de la forêt amazonienne avoisine celle des États-Unis, il est donc impossible d’équiper chaque hectare » reconnaît son directeur Ramzi Abdine. Si la portée du dispositif est partielle, son utilité n’est toutefois pas à démontrer. Selon la Banque Mondiale, 40% du couvert végétal amazonien pourrait avoir disparu d’ici 2050. Face à une telle échéance, les outils technologiques sont des armes précieuses pour lutter contre la déforestation.

Doublement utiles, ces téléphones permettent une surveillance plus fine que celle des satellites et contrôles radio traditionnels. Ailleurs dans le monde, les portables inspirent d’autres protecteurs des futaies. C’est le cas en Indonésie où plus d’un million d’hectares de forêts sont chaque année rayés de la carte.

Oreilles de la forêt

Là-bas, Rainforest Connection est à pied d’œuvre. L’organisation spécialisée dans la lutte contre la déforestation illégale via les technologies, souhaite suspendre des smartphones aux arbres afin de détecter à l’aide d’un logiciel intégré tout bruit de tronçonneuse. Equipés de mini-panneaux photovoltaïques, les téléphones tourneront à l’énergie solaire. En cas d’agression sur un tronc, des gardes forestiers seront alertés en temps réel et rapidement dépêchés sur place pour arrêter les braconniers.

Implanté au coeur de la réserve naturelle d’Air Tarusan située sur l’île de Sumatra, ce projet pilote entend aller plus loin. « Nous voulons que les habitants aient le sentiment de faire partie des évènements et d’être en première ligne dans la protection environnementale » explique Topher White, fondateur de Rainforest Connection. L’homme aimerait mettre au point une application gratuite via laquelle n’importe quel citoyen pourrait recevoir l’alerte sur son propre smartphone. De quoi dissuader les futurs braconniers.

Nicolas Blain

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1 commentaire

  • C’est très bien tout ça mais…
    Maintenant que les affreux sont au courant, ils utiliseront des brouilleurs…
    Et puis, on parle toujours de ce qui se passe ailleurs, très loin, et qu’en est-il de par chez nous?
    Ici, en Provence, la mine de Gardanne compte recycler son site minier en usine fonctionnant au bois et comment vont-ils procéder? Ben, en rasant la forêt de la montagne de Lure qui est pas trop loin… Super!!!
    Et je ne pense pas que ce sera considérer comme du braconnage d’espèces exotique puisque ce sont des essences communes de hêtre, chêne blanc etc… et que Gardanne a les moyens de s’offrir toutes les autorisations légales.
    Ce n’en sera pas moins un désastre écologique pour autant, à la mesure de la déforestation du Larzac par Louis XIV pour sa flotte de guerre.
    Autres temps, même conséquences.

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